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Platini, numéro 9,999999…

Publié le 7 juin 2012, dans Euro 2012.

Un blog, c’est aussi fait pour se tailler une tranche de plaisir perso.

Alors, ne vous offusquez pas si je débute ce Blog par un article sur Michel Platini.

D’autant que j’ai un prétexte en béton : l’Euro 2012 est en point de mire. Or, il en est l’organisateur au titre de l’UEFA, il en a été le vainqueur en 1984 et le « Blog à Doudouce » se devait d’ouvrir sur un article rétro à la veille de l’Euro.

« Si je marquais autant en équipe de France ou à la Juve, c’est que, bien souvent, je jouais avant-centre ».

Cette phrase, Michel me l’a bien souvent répétée lors des longues soirées de Ligue des Champions vécues au coin du feu télévisuel sur le plateau de Canal+.

Pourquoi vient-elle me réveiller en ce jour ? Parce que le poste d’avant-centre a été au centre de l’actualité footballistique française depuis plusieurs mois au sujet du Paris SG qui jouerait « sans avant-centre », à la Barcelonaise. Et qu’il pourrait bien y revenir au sujet de Benzema.

Car, et curieusement personne n’en parle dans les medias, l’une des problématiques de l’équipe de France » est la façon dont Benzema occupe ce poste d’avant-centre fuyant qui part bien souvent du côté gauche. Et donc, du joueur qu’il faut mettre à ses côtés, pour « faire peur » dans l’axe. En clair, si Laurent Blanc aligne Martin ou Nasri (idem si Gourcuff avait été là) derrière Benzema, il sait ne pas peser bien lourd sur la défense adverse chaque fois que Benzema déserte sur la gauche.

D’où l’idée Menez tournant autour de Benzema qui pourrait faire son chemin car il a prouvé au Paris SG qu’il pouvait faire très mal dans l’axe. Mais, bon, on ne vous a rien dit et on revient tranquillement à notre « Platoche ».

Pour les plus jeunes d’entre vous, Platini est un dirigeant de football. Pour les autres, il est un numéro 10 célèbre, meneur de jeu inspiré d’une époque qui valorisait le numéro 10.

Ballons touchés par Platini durant l'EURO84

Rien n’est faux dans tout cela, sauf que Michel Platini était un joueur à plusieurs facettes, aussi capable de jouer en meneur reculé s’il fallait échapper à un marquage individuel ou ouvrir en profondeur sur Boniek à la Juve. Voire même faire le boulot défensivement, plus rarement, comme contre les Pays-Bas en 1981 dans un milieu à trois Platini-Giresse-Genghini.

En équipe de France, tout a changé avec l’arrivée tardive d’Alain Giresse (il avait 28 ans lorsqu’il est en devenu un titulaire) à ses côtés. Dès lors, Platini a pu jouer où il voulait en sélection. Au sommet de son expression à l’Euro 84, il a carrément joué avant-centre pour mieux faire la décision en faveur de son équipe. Bernard Lacombe était bien là en demi et en finale, mais davantage comme un remiseur à son service. « L’homme-buts » s’appelait Michel Platini.

Les chiffres parlent : 9 buts sur 26 tirs, dont 15 cadrés au long de la compétition (plus de 70% de tirs cadrés). S’il n’était pas aussi magicien que Maradona ou Zidane, il était d’une adresse et d’une intelligence de jeu qui dépassaient ces deux artistes incomparables. Surtout, sa technique incomparable était toujours en recherche de l’efficacité permanente. Pas d’épate, que du talent au service du rationnel. De plus anciens que moi parlerait peut-être de l’activité et de l’efficacité de Di Stefano, mais je n’ai pas vu jouer l’Argentin.

Par contre, l’Euro 84, Platini et Giresse, j’ai tout bien vu.  Et les chiffres Opta disent bien qui jouait quoi et comment. A Giresse, la direction du jeu au milieu de terrain en numéro 10. Par rapport à Platini, plus de ballons touchés (attirer plus de ballons que Platini en équipe de France, c’est une référence), plus de passes (87% réussies, 76% réussies dans les 30 derniers mètres !), plus d’occasions créées, plus de passes décisives enfin (2 contre 1). Beaucoup plus de centres aussi car Gigi était plus au cœur du jeu (un seul centre pour Platini), allait aussi tirer les coup-francs lorsqu’il s’agissait de les mettre devant le but. Pour les tirer directement, « Platoche » reprenait ses droits (2 coup-francs directs lors de l’Euro).

Ballons touchés par Giresse durant l'EURO84

Bref, Alain Giresse a été l’autre grand homme du tournoi et tous les classements sur les ballons joués, la précision des passes, y compris dans le camp adverse mettent  en exergue trois hommes : Giresse en premier, Tigana en deuxième et Platini en troisième.

Côté buteur, pas de débat, c’était tout pour Platoche avec ses 9 buts en 5 matches (5 sur ou suite à des coups de pied arrêtés). Soit un but tous les trois tirs…. Giresse en avait tout de même marqué un contre la Belgique.

Surtout, et cela éclaire aussi le footballeur complet qu’était Platini, jouer plus en pointe l’exposait aussi davantage. Il s’exposait beaucoup plus de duels que Giresse.  Et en remportait bon nombre, récupérant aussi beaucoup de ballons sur l’intelligence, l’anticipation et même quelques tacles (3 par match, quand même). Du coup, il était dans bien des combats avec 32 fautes commises ou subies (17 subies), quand Giresse dirigeait la manœuvre de façon fluide (5 fautes subies seulement).

Giresse, le numéro 10

Giresse était donc le vrai numéro 10 des Bleus en 1984. Mais Platini était bien plus qu’un numéro 9 avec ses 9 buts. Disons plutôt le numéro 9,999999….

Reste à en tirer tout ce que vous voudrez en vue de l’Euro 2012. Que ce soit des rôles respectifs de Benzema ou de Menez, ou même d’autres équipes. Ne vous fiez pas toujours au numéro du joueur ou à sa position théorique, les grands joueurs savent surprendre et faire la différence de la manière la plus appropriée. Et s’il ne la font pas, leur équipe ne gagne pas. Vous voyez l’Allemagne gagner sans un grand Ozil ? Pas moi…

Philippe Doucet 

5 réponses

  1. Laurent

    Bonjour Philippe, enfin quelqun qui est d’accord avec moi sur le problème de l’avant centre en EDF.

    Surtout que depuis 52 ans, jamais aucune équipe n’a remporté l’EURO sans avoir un tactique à 2 attaquants.

  2. footalitaire

    Une preuve supplémentaire que 9,999… = 10 : http://www.math93.com/0,999.htm
    Ah, les mathématiques du football sont définitivement bien mystérieuses !

  3. Ce rôle que j’appelle 10 et demi… aujourd’hui cette répartition des taches on la retrouve au real ou au barca (Ozil – Ronaldo ou Xavi – Messi) mais avec des attaquants bcp moins axiaux que platini à l’époque… d’où le 10 et demi.

  4. Merci Philippe pour ces éclairages. Cela manquait au paysage du foot. Belle initiative !

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