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La France : une « exception » si normale.

Publié le 25 juin 2012, dans Euro 2012.

La France est sortie de l’Euro 2012.

C’est un fait. Et on ne va pas dépenser trois lignes ici à évoquer des comportements, des primes ou si la motivation des joueurs se mesurent à leur faculté à réclamer à tue-tête « qu’un sang impur abreuve nos sillons ».

Entre parenthèses, quand donc changera-t-on les paroles de notre cher hymne national ? Je me souviens de l’Euro 2008 et des grands écrans transcrivant les hymnes nationaux pour tous les spectateurs. Je ne savais franchement pas où me mettre…

Ballons touchés par Nasri à l’EURO 2012

 

Bref, parlons foot et essayons d’expliciter cette défaite si normale si l’on considère qu’il faut beaucoup de talent pour marquer sans se créer d’occasions. On a évoqué la semaine passée cette Espagne qui joue l’offensive sans attaquant. Laurent Blanc a-t-il voulu singer l’Espagne, championne d’Europe et du Monde ? En tout cas, seuls Ribéry et Benzema pointaient en attaque au coup d’envoi….avant de se replier et de partir de loin. Au vu de la position moyenne des joueurs, vous voyez combien Benzema se situe bas dans cette sélection. Le problème n’est pas nouveau. Déjà, sous Raymond Domenech, il était reproché à Benzema de fuir la pointe du combat. Au point de lui préférer Gignac et de ne pas l’emmener à la Coupe du Monde. Blanc n’a pas commis un tel crime contre le talent. Mais, sans soutien axial (et le « Blogadoudouce » en a parlé avant même cet Euro), la solution Benzema revient à jouer sans présence devant le but. Beaucoup ont évoqué Giroud, je n’y crois pas dans le cadre de l’Euro. Ce serait tenter une solution de jeu trop peu mâture pour l’équipe de France dans le cadre de l’Euro où il ne s’agit pas d’écarter la Biélorussie ou la Bosnie de la qualification. De même, dans un autre style, pour la solution Ben Arfa en 10, trop peu usitée au niveau international. Je n’évoque pas plus Nasri qui ne va pas vers le but (pas plus que ses passes) et dont on a vu, tout à la fois, les qualités de conservation de ballon, mais aussi le faible rendement offensif (le but contre l’Angleterre étant le ruisseau qui cache la forêt).

Positions des tirs de Benzema à l’EURO 2012

Restait Menez et son côté imprévisible, sa façon de déambuler entre les lignes, entre la droite et l’axe. Franchement, j’étais persuadé qu’il jouerait contre l’Espagne. Il s’approchait parfaitement du morphotype apte à trucider la défense espagnole (sans égorger fils et compagnes), et offrir une solution de transition quand Benzema quitte les avant-postes. Laurent Blanc a raisonné différemment. Il s’est vu inférieur à l’Espagne, il a voulu bloquer le côté droit en dédoublant Réveillère et Debuchy. Et tenté une stratégie à deux têtes : d’abord défendre, puis faire rentrer Menez et autres lorsque l’Espagne finira par douter.

Le problème d’une stratégie de ce type est de savoir quoi faire si l’Espagne marque dès la 19ème minute. C’est ce qui s’est produit. Comment se procurer une occasion dans une telle configuration. Debuchy a fait partie des meilleurs français durant cet Euro. De là à faire la différence avec les seuls Ribéry et Benzema… Fallait-il tout changer avant l’heure de jeu et la rentrée de Nasri et Menez ? Peu d’entraîneurs le font. Peu gagnent des matches internationaux après avoir été mené aussi….

De plus, la faiblesse des relations entre les deux attaquants français est assez édifiante au vu des chiffres. 18 passes échangées, mais plus venues de Benzema à Ribéry (11) parce qu’il fallait bien s’appuyer sur quelqu’un. Mais une seule passe échangée dans la surface, et trois seulement dans les trente derniers mètres.

 

Le résultat en chiffres pour les Bleus :

–         4 tirs dont un seul cadré.

–         3 corners

–         11 ballons touchés dans la surface adverse.

–         62% de réussite sur les passes dans les 30 derniers mètres (quand il n’y a qu’une seule solution….).

–         6 coup-francs obtenus

–         15 centres (beaucoup plus que les Espagnols), mais seulement 3 ayant touché une cible française (faute de combattants….).

 

Ce bilan offensif consacre l’échec d’une stratégie. Laurent Blanc a-t-il surestimé l’Espagne ? Ou sous-estimé son équipe ? Le match raté contre la Suède a-t-il trop largement influencé sa réflexion ? Seul l’avenir de l’Espagne (que je sens en difficulté dès son prochain rendez-vous contre le Portugal !) répondra partiellement à cette question. On ne refera pas le match. On peut juste dire que n’est pas Chelsea qui veut. Et que, le Dieu du football en soit remercié, ce type de stratégie ne marche que rarement.

Position moyenne de Benzema à l’EURO 2012

Après, on peut toujours essayer de se dire qu’on pouvait. Mais un Cabaye à 39 ballons peut-il être aussi fort et influent qu’un Xabi Alonso à 108 ballons ? LA réponse est dans les chiffres. Cabaye n’a joué que 8 ballons dans les 30 derniers mètres (pour 4 échecs) quand Xabi en utilisait 26 (19 bonnes transmissions).

Dans un tel contexte de nombre, on peut jouer avec Fabregas devant. On n’ira pas souvent dans la profondeur. Mais le ballon sera bien gardé et circulera tout terrain. En jouant contre nature, l’équipe de France a plutôt attiré Benzema à décrocher que l’inverse. A l’arrivée, Benzema n’aura pas plus joué en pointe que Fabregas.

Sur l’ensemble du tournoi, Benzema aura ainsi tiré 19 fois au but. Mais seulement 6 fois de l’intérieur de la surface (et jamais à moins de 10 mètres de la cage). Son zéro pointé au classement des buteurs ne doit donc pas étonner.

Au vu de tout cela, on serait tenté de dire que « l’exception française » a vécu. Non, on a voulu jouer comme tous les autres contre le Barça ou l’Espagne. Et on a perdu comme à peu près tous les autres. C’est peut-être finalement cette « normalité » qui demeurera notre plus mauvais souvenir de l’Euro français.

3 réponses

  1. Mitchlezen

    Je me suis délecté de votre analyse, dont les chiffres confirment mon impression d’après match. Je prie le dieu football pour que ce modèle tactique ne fasse pas trop d’émules.C’est ennuyant à regarder et je me rend compte match après match que la possession du ballon à outrance n’est vraiment pas le football que je préfère, surtout sans un Messi accélérateur.
    Bien à vous

  2. Quelle belle surprise que ce blog entièrement dédié à Doudouce ! Il était temps que la palette rencontre Opta. Le tout enrobé d’une belle plume, je suis surpris qu’il n’y ait pas d’avantage de monde içi.
    Je reviendrai avec plaisir
    PS : pourquoi aussi peu de pronostics publiés sur PW ?

  3. Emile

    à force de porter le numéro 10, Benzema a voulu jouer numéro 10.

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